[English version below]
Mes recherches en anthropologie sociale s’articulent autour de deux axes. Le premier porte sur les scientifiques au travail et la construction du savoir, et s’inscrit dans le prolongement de mon enquête ethnographique portant sur le chantier de fouille archéologique d’Ormesson (Seine-et-Marne). Mon objectif est de comprendre comment se déploie la construction sociale des faits scientifiques qui sont tournés vers une meilleure compréhension du mode de vie de populations du passé. L’étude des relations de travail menées en dehors des laboratoires de recherche — c’est-à-dire sur les lieux mêmes d’exhumation et de découvertes scientifiques — s’avèrent déterminantes pour comprendre les enjeux qui gravitent autour du savoir produit en archéologie. À travers une démarche se voulant à la fois pragmatique et microsociologique, mes premières conclusions ouvrent de nouvelles perspectives pour une anthropologie des sciences qui se tourne vers le travail en train de se faire et qui participe de surcroît à nourrir le champ des études sur le travail en France.
Le second axe porte sur l’appropriation sociale du passé et consiste à questionner tout le processus qui suit une enquête scientifique menée par ces experts du passé, qu’ils soient archéologues ou historiens. Que devient le passé et quels sont les rouages de sa circulation ? Il s’agit d’abord de situer les conditions et les conséquences de la restitution des résultats de la recherche en dehors de cette seule sphère, qu’elle soit archéologique ou historique. Cela suppose ensuite de questionner le déploiement d’un système de valorisation patrimoniale se déclinant entre différentes sphères de sociabilités, institutionnelles ou non (musées, habitants, associations locales, etc.). Comment ces différents acteurs s’emparent-ils en France de périodes (pré)historiques immémorées ou mémorielles et quelles traces ces dernières laissent-elles dans le présent ? L’étude de l’appropriation du passé permet de développer une perspective anthropologique destinée à alimenter le champ des études sur le patrimoine et la culture matérielle.
Actuellement, je travaille sur le projet ANTHROP’ARC, soutenu par l’attribution d’une subvention de la Région Île-de-France dans le cadre du Domaine d’intérêt majeur « Matériaux anciens et patrimoniaux » de la Région Île-de-France. Je me concentre sur une épistémologie de la Préhistoire française héritée des travaux d'André Leroi-Gourhan, en menant une enquête ethnographique et archivistique sur le site de la grotte d'Arcy-sur-Cure (Bourgogne). Ma collaboration avec l’équipe Ethnologie préhistorique (Arscan, UMR 7041) m’amène de surcroît à réaliser un projet d’archives orales d’entretiens filmés auprès de ses membres.
Je travaille en parallèle sur la réalisation de deux documentaires et, plus largement, sur l’apport épistémologique de l’image filmique, qu’elle s’inscrive dans une démarche méthodologique (shadowing) ou un projet de création scénaristique.
My research in social anthropology revolves around two axes. The first concerns scientists at work and the construction of knowledge, and is part of my ethnographic investigation of the archaeological excavation site of Ormesson (Seine-et-Marne). My objective is to understand how the social construction of scientific facts is deployed which are geared towards a better understanding of the way of life of populations of the past. The study of working relationships carried out outside research laboratories - that is to say on the very places of exhumation and scientific discoveries - are decisive in understanding the issues that revolve around the knowledge produced in archeology. Through an approach that seeks to be both pragmatic and microsociological, my first conclusions open up new perspectives for an anthropology of science which focuses on work in progress and which also contributes to nourishing the field of studies on work, in France.
The second axis concerns the social appropriation of the past and consists in questioning the entire process that follows a scientific investigation carried out by these experts of the past, whether they are archaeologists or historians. What becomes of the past and what are the cogs of its circulation ? The first step is to situate the conditions and consequences of the restitution of research results outside this single sphere, whether archaeological or historical. This then supposes questioning the deployment of a system of heritage enhancement declined between different spheres of sociability, institutional or not (museums, residents, local associations, etc.). How do these different actors in France take hold of immemorial or memorial (pre)historical periods and what traces do they leave in the present? The study of the appropriation of the past makes it possible to develop an anthropological perspective intended to feed the field of studies on heritage and material culture.
Currently, I am working on the ANTHROP'ARC project, supported by the award of a grant from the Île-de-France Region within the framework of the Area of major interest "Ancient and heritage materials" of the Île-de-France region, in France. I focus on an epistemology of French prehistory inherited from the work of André Leroi-Gourhan, by conducting an ethnographic and archival survey on the site of the Arcy-sur-Cure cave (Bourgogne, France). My collaboration with the Prehistoric Ethnology team (Arscan, UMR 7041) also led me to carry out a project of oral archives of filmed interviews with its members.
I am working in parallel on the making of two documentaries and, more broadly, on the epistemological contribution of the film image, whether it is part of a methodological approach (shadowing) or a script creation project.
Que signifie être attentif à la fragilité d’un sol archéologique vieux de plusieurs dizaines de milliers d’années ? Pour celles et ceux qui travaillent sur le chantier de fouille préhistorique d’Ormesson (Seine-et-Marne, en France), l’attention est une condition au bien faire, car les conséquences de chaque geste ne se rattrapent pas. Balayer ou gratter, quelle que soit l’action, la transformation du sol s’avère en effet irrévocable, voire fatale dans le cas d’actes manqués, malhabiles et, surtout, effectués avec inattention. C’est à travers les expériences d’une poignée de travailleurs, experts ou non, que cet article propose de restituer la fabrique d’un « savoir voir » en archéologie, une dimension clef pour qui souhaite comprendre les modalités pratiques de la transmission de connaissances au sein de cette profession.
2020-2021 : Département d'Anthropologie, Université Paris Nanterre
2019-2020 : Département d'Anthropologie, Université Paris Nanterre
2018-2019 : Département d'Anthropologie, Université Paris Nanterre
2017-2018 : Département d'Anthropologie, Université Ouest Nanterre
2016-2017 : Département d'Anthropologie, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
2015-2016 : Département d'Anthropologie, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
2014-2015 : Département d'Anthropologie, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
2014 : APA (Academic Program Abroad), Paris