DS08 - Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives

« Que veulent les Amérindiens ? » Configurations socio-spatiales, enjeux politiques et débats ontologiques en Amazonie. – AMAZ

Configurations socio-spatiales, enjeux politiques et débats ontologiques en Amazonie

Le rôle des amérindiens dans la conservation des écosystèmes amazoniens : Regards croisés sur la représentativité politique, les logiques collectives et l’urbanisation amérindienne dans les Basses Terres sud-américaines.

Étudier le rôle des Amérindiens dans la conservation des écosystèmes

Depuis maintenant trois décennies, les sociétés indigènes d’Amazonie occupent sur l’échiquier politique, un rôle de plus en plus actif. Leurs organisations deviennent les acteurs principaux dans des centaines de conflits dits « environnementaux » qui secouent la région, contre les entreprises et les appareils d’État. Toutefois, leurs motivations et leur projet politique restent ambigus, et leur rhétorique complexe. Le présent projet a pour objectif d’analyser de manière comparative un tel processus, en essayant de faire affleurer les spécificités propres à chaque pays de la région et la façon dont s’y déplacent désormais les frontières du politique. Trois axes seront en particulier développés :<br />(1) Ce qui paraît intéressant au premier chef est la façon dont les sociétés amazoniennes parviennent à construire une représentativité politique, en s’engageant, de façon simultanée, dans des processus électoraux officiels (mairie, province, représentation au Congrès, etc.) et dans des voies activistes de résistance non gouvernementales dont les orientations sont parfois radicalement contraires à celles préconisées par l’Etat. <br />(2) La manière dont chaque groupe amérindien intervient en politique varie en fonction des logiques culturelles, historiques et sociales qui lui sont propres. Ces styles émanent des formes de parenté et d'organisation, de la légitimité politique et des pratiques rituelles, partiellement comprises par l'anthropologie. <br /> (3) La politisation, et la façon de combiner modernité et tradition qui s’exprime dans le champ politique, surviennent de façon parallèle à la récente vague d’urbanisation des peuples amazoniens. De plus en plus d’indiens migrent vers les centres urbains des provinces amazoniennes, puis vers les grandes agglomérations de la région. De fréquents aller-retours, entre les villes et la forêt, stimulent l’émergence de nouvelles formes institutionnelles qui doivent être examinées.

Les trois axes précédents doivent procéder selon deux approches de recherche principales.
(a) Point de conflit : La première porte sur l’étude du conflit socio-environnemental comme situation permettant de visualiser l’action et le discours politique. L’Amazonie se trouve en effet au cœur des enjeux les plus importants de la contemporanéité. D’un coté, elle constitue une région d’importance majeure pour la biodiversité de la planète, et la préservation de ses forêts devient nécessaire pour la résorption du réchauffement global. D’un autre coté, par sa position géologique et géopolitique, l’Amazonie est aujourd’hui la cible d’une activité sans précédent, menée par un front d’extraction des ressources pétrolières et minières, et par des projets de barrages hydroélectriques qui mettent en danger la richesse écologique. En outre, tous ces territoires sont occupés par des populations amérindiennes qui sont devenues des acteurs politiques de premier rang dans la politique nationale des États, et surtout dans la politique multilatérale.
(b) Etudes régionales : La deuxième approche porte sur l’étude des ensembles ethniques régionaux. Compte tenu du développement sans précédent que connaît l’anthropologie amazonienne au cours de ces dernières décennies et du nombre croissant d’études monographiques, il est important d’encourager les recherches comparatives portant sur les ensembles des sociétés amérindiennes ou non situées dans une même région de l’aire amazonienne.

Les recherches d’anthropologie politique des peuples amérindiens menés jusqu’à maintenant, non seulement dans la région amazonienne mais dans tout le continent en général, reproduisent des anciens clivages méthodologiques qui doivent être aujourd’hui dépassés, si l’on veut comprendre la complexité de l’expression politique dans des contextes de diversité culturelle. En effet, ces recherches penchent soit du côté d’une sociologie politique de la dynamique contemporaine des mouvements politiques indiens, soit vers celui d’une anthropologie des formes traditionnelles de représentation politique. Ce projet est novateur et inédit parce qu’il cherche à intégrer les deux approches classiques dans une même démarche analytique, ouvrant ainsi un nouveau champ disciplinaire. Il met ainsi à contribution une masse théorique et empirique considérable que l’ethnologie de la région accumule dans des dizaines de monographies visant à approfondir le sens des dynamiques actuelles des mouvements politiques autochtones. Cette démarche présente un intérêt non seulement pour comprendre la région amazonienne, mais également pour aborder le phénomène global de la coexistence de régimes de légitimité politique et juridique. Cela suppose plusieurs décloisonnements : cette recherche se fonde sur un rapport dialogique avec des disciplines récemment attirées par l’essor global de la problématique régionale ; ce projet ne s’intéresse pas seulement à l’accumulation des descriptions des groupes particuliers, mais à des ensembles régionaux et à leur comparaison ; il ne se cantonne pas aux limites des États et se déploie sur des territoires frontaliers. Enfin, cette démarche ouvre une nouvelle dynamique de recherche comparative Amazonie – Côte, après trois décennies marquées plutôt par l’essor d’une anthropologie comparée des Hautes terres et des Basses terres américaines.

Les sociétés amérindiennes de l’Amazonie, comme d’autres populations autochtones à travers le monde, se trouvent de façon accrue exposées aux inégalités économiques et à la discrimination culturelle et raciale, restant aux marges des dynamiques d’intégration que les états concernés réalisent souvent sans vraie conviction. Celle-ci est en partie le résultat d’une compréhension partielle des demandes des mouvements amérindiens, et des principes ontologiques sur lesquels ces demandes se fondent. En d’autres termes, l'intérêt à entreprendre une recherche de cette nature est de comprendre les détails d'une situation sociale complexe, en fournissant quelques éléments de méthodologie pour étudier des situations sociales multi-ethniques potentiellement conflictuelles et décisives pour les enjeux écologiques que la région d’étude représente, en ce qui concerne la gestion durable des forêts et de la ressource en eau douce la plus importante de la planète. Il est impératif que ses résultats concernant les conditions sociales de l'application des politiques publiques affectant les populations autochtones parviennent à réfléchir sur les modèles de gestion et de résolution des conflits, entre les décideurs, les parties prenantes et les organisations sociales qui travaillent, tous les jours, sur ces questions.

6 missions de terrain (Pérou, Brésil, Venezuela, Guyana), 4 colloques internationaux déjà réalisés, 2 colloques en préparation, ainsi qu’un séminaire mensuel à l‘EHESS (8 séances, 14 intervenants) et une dizaine de publications constituent à ce jour (01/08/19) la production scientifique du projet AMAZ (voir amaz.hypotheses.org/). Cette production servira de base à une série de publications scientifiques en cours de consolidation. Parmi les publications publiées, citons :
- Surrallés, A., 2017, « Human rights for nonhumans? », HAU, Journal of Ethnographic Theory, 7 (3) : 211-235.
- Descola, P. 2017. « Les défis conceptuels de l’anthropocène », in G. Boeuf & al. (eds.), L’homme peut-il accepter ses limites ?, Editions Quae : 180-188.
- Erikson, P., Yvinec, C. et Nahum-Claudel, C., 2017, « Indiens sur scènes, étrangers captivés ? Mise en spectacle de la culture et secret », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, « Série Colloques ».
- Chaumeil, J.-P., 2017, « Leadership in Movement. Indigenous Political Participation in the Peruvian Amazon », in P. Virtanen (ed.) Creating dialogues: indigenous perceptions and changing forms of leadership in Amazonia, University press of Colorado : 279-304.
- Allard, O., 2018, « The pursuit of sorrow and the ethics of crying », in T. Robben (ed.), A companion to the anthropology of death, Wiley-Blackwell : 117-129.

Depuis maintenant trois décennies, les sociétés indigènes d’Amazonie occupent sur l’échiquier politique, un rôle de plus en plus actif. Leurs organisations sont entrées en force dans l’arène politique nationale, leurs membres accédant parfois aux postes stratégiques de hauts représentants de l’État. Ces mêmes organisations deviennent également les acteurs principaux dans des centaines de conflits dits « environnementaux » qui secouent la région, contre les entreprises et les appareils d’État. Toutefois, leurs motivations et leur projet politique restent ambigus, et leur rhétorique complexe. Le présent projet a pour objectif d’analyser de manière comparative un tel processus, en essayant de faire affleurer les spécificités propres à chaque pays de la région et la façon dont s’y déplacent désormais les frontières du politique. Ce projet vise également à analyser les logiques historiques et sociales que ces dynamiques stimulent au sein des peuples amérindiens aux valeurs culturelles contrastées.
Trois axes seront en particulier développés :
(1) Ce qui paraît intéressant au premier chef est la façon dont les sociétés amazoniennes parviennent à construire une représentativité politique, en s’engageant, de façon simultanée, dans des processus électoraux officiels (mairie, province, représentation au Congrès, etc.) et des voies activistes de résistance non gouvernementales dont les orientations sont parfois radicalement contraires à celles préconisées par l’Etat.
(2) La manière dont chaque groupe amérindien intervient en politique varie en fonction des logiques culturelles, historiques et sociales qui lui sont propres. Deux aspects seront abordés en particulier : (2.1) Les styles d’exercice du politique, qui émanent des formes d’organisation sociale et surtout parentale, des légitimités politiques et de pratiques rituelles autochtones, encore peu connues des anthropologues. (2.2) Ce projet vise également à dévoiler ces styles à travers l’analyse des substrats historiques qui contribuent à les forger.
(3) La politisation, et la façon de combiner modernité et tradition qui s’exprime dans le champ politique, surviennent de façon parallèle à la récente vague d’urbanisation des peuples amazoniens. De plus en plus d’indiens migrent vers les centres urbains des provinces amazoniennes, puis vers les grandes agglomérations de la région. De fréquents aller-retours, entre les villes et la forêt, stimulent l’émergence de nouvelles formes institutionnelles qui doivent être examinées.
Les trois axes précédents doivent procéder selon deux approches de recherche principales.
(a) Point de conflit : La première porte sur l’étude du conflit socio-environnemental comme situation permettant de visualiser l’action et le discours politique. L’Amazonie se trouve en effet au cœur des enjeux les plus importants de la contemporanéité. D’un coté, elle constitue une région d’importance majeure pour la biodiversité de la planète, et la préservation de ses forêts devient nécessaire pour la résorption du réchauffement global. D’un autre coté, par sa position géologique et géopolitique, l’Amazonie est aujourd’hui la cible d’une activité sans précédent, menée par un front d’extraction des ressources pétrolières et minières, et par des projets de barrages hydroélectriques qui mettent en danger la richesse écologique. En outre, tous ces territoires sont occupés par des populations amérindiennes qui sont devenues des acteurs politiques de premier rang dans la politique nationale des États, et surtout dans la politique multilatérale.
(b) Etudes régionales : La deuxième approche porte sur l’étude des ensembles ethniques régionaux. Compte tenu du développement sans précédent que connaît l’anthropologie amazonienne au cours de ces dernières décennies et du nombre croissant d’études monographiques, il est important d’encourager les recherches comparatives portant sur les ensembles des sociétés amérindiennes ou non situées dans une même région de l’aire amazonienne.

Coordination du projet

Alexandre SURRALLES (Laboratoire d'anthropologie sociale)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CESTA Centro de Estudos Ameríndios, Universidade de São Paulo.
IFEA Institut Français d'Études Andines - Umifre 17 / USR3337
PPGAS Programme de post-Graduação em anthropologie sociale, Université fédérale de Santa Catarina, Florianópolis.
LAS/CDF Laboratoire d'anthropologie sociale
LESC Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative

Aide de l'ANR 413 276 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2018 - 36 Mois

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