Coralie Morand s'intéresse aux modalités de mise en mémoire d'un génocide qui s'est déroulé dans les années 1980 dans la région ixil (Guatemala). Elle explore notamment les mémoires des femmes mayas ixil et les espaces dans lesquels cette mémoire s'exprime (construction sociale, corps, cour de justice, tourisme, militantisme, entre autres).
Les Mayas Ixils du Guatemala ont été particulièrement visés par une stratégie de guerre contre-insurrectionnelle totale entre 1981 et 1983, notamment caractérisée par des violences sexuelles quasi systématiques et publiques impactant les femmes à long terme. Ceci pose la question à la fois de la permanence du traumatisme et des processus de résilience mis en place par les femmes ixiles. Fondé sur une ethnographie de première main, cet article analyse les traumatismes des victimes en questionnant notamment les effets du témoignage. Est ensuite abordé l'engagement militant comme acte curatif, mis en parallèle avec les obstacles structurels à une réelle reconstruction individuelle et collective.