[English version below]
Les travaux de Gilles Raveneau se structurent autour de cinq axes principaux qui se recoupent à différents endroits : anthropologie de la prise de risque et travail en milieu extrême ; anthropologie du sport et des activités physiques de pleine nature ; anthropologie des contraintes sociales et politiques de la gestion du corps ; anthropologie des émotions et des affects ; méthode et théorie de la pratique ethnographique.
Ses intérêts de recherche se regroupent à la fois autour du milieu naturel (montagne et mer pour l’essentiel), plus particulièrement situé sur l'axe vertical (altitude et profondeur limites représentant chacune à leur façon une des "extrémités" du monde), et autour des métiers et des activités à risque que la nature propose aux individus. Dans son travail de thèse sur les pêcheurs de corail de Méditerranée, comme dans la recherche conduite actuellement sur les cristalliers du Népal ou celle poursuivie précédemment sur les cristalliers des Alpes (France, Suisse, Italie), il a cherché à comprendre des activités de pleine nature à fort engagement corporel qui ne soient pas uniquement sportives, mais qui s’articulent à la recherche passionnée d’un matériau précieux (corail, cristaux et minéraux). Ce faisant, il a mis au jour que la prise de risque au fondement de la pratique des corailleurs et des cristalliers est liée étroitement aux rivalités et aux échanges agonistiques des individus, à cette manière particulière de former un groupe tout en ayant l’air d’en refuser l’existence et qui les porte à la marge. Cette perspective a conduit Gilles Raveneau à s'interroger sur ce qui détermine la valeur de la vie sociale : honneur ou intérêt ? Elle montre la récurrence de cette opposition, entre la dignité des hommes et leur valeur subjective d’un côté, et les calculs où se déterminent la valeur relative des objets de l’autre. Elle renvoie également à la place qu’occupe la nature dans ces activités, à l’engagement et aux épreuves physiques qu’il faut surmonter, aux Puissances de la Nature qui permettent la découverte (des matériaux précieux) et/ou la sanction (l’accident, la mort).
Au-delà de sa contribution au renouvellement de l’anthropologie de la prise de risque et de la valeur, et des recherches sur les frontières du sport, Gilles Raveneau a entamé un programme de recherche sur la question du goût et du dégoût face au corps aujourd’hui, des émotions et des affects que cette question produit. L’idée est de porter le regard à la fois vers ce que nos sociétés valorisent et tendent à refouler en dehors de nos espaces mentaux, proposent en modèle et relèguent dans les coulisses de la vie sociale. En faisant porter l’interrogation sur les contraintes sociales et politiques de la gestion de son corps par l’individu, il entend explorer à présent l’autre versant de la question des épreuves corporelles en s’intéressant à l’extension du domaine du bien-être (physique et psychique), catégorie centrale aujourd’hui dans nos sociétés occidentales.
Membre du LESC depuis 2000, Gilles Raveneau participe également aux travaux sur les cultures sportives du Centre de recherches sur le Sport et le Mouvement (CeRSM), EA 2931, à Paris Nanterre, et il est membre associé depuis 2004 du Centre Nantais de sociologie (CENS), UMR 6025, de l’université de Nantes où il a collaboré ponctuellement à certains enseignements. Il est par ailleurs co-responsable avec Dominique Memmi et Emmanuel Taïeb du Réseau thématique 17 « Gestion politique du corps et des populations » de l’Association française de sociologie (AFS) depuis 2006 et responsable de l’axe de recherche « Corps et sciences sociales » de la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord depuis 2009. Il est aussi membre du comité de rédaction et de lecture de plusieurs revues (Ethnologie Française, Le Journal des Anthropologues, Sciences sociales et sport, Nature et récréation)
Gilles Raveneau est engagé depuis de nombreuses années dans des Sociétés savantes et des associations dans lesquelles il a œuvré pour un rassemblement des ethnologues et des anthropologues. Il a été l’un des organisateurs des Assises de l’ethnologie et de l’anthropologie en France, en 2007, où s’est exprimée la volonté collective de fonder une nouvelle structure fédérative de la discipline. L’Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie (AFEA) a ainsi vu le jour en janvier 2009 et Gilles Raveneau en a été le premier président (2009-2012).
Gilles Raveneau’s work is structured around five main axes that intersect in different places: anthropology of risk-taking and work in extreme environments; anthropology of sport and physical activities in the wild; anthropology of social and political constraints on body management; anthropology of emotions and affects; method and theory of ethnographic practice.
His research interests are centered around the natural environment (the mountains and the sea, mainly), and around the risky trades and activities that nature offers to individuals. In his thesis work on Mediterranean coral fishers, as in his present research on the crystal-gatherers in Nepal or his previous research on the crystal-gatherers of the Alps (France, Switzerland, Italy), he aims to understand physically demanding outdoor activities that are not uniquely athletic, but that are connected to the passionate search for precious materials (such as coral, crystals, and minerals). In doing so, he reveals that risk-taking, which is the basis of the coral and crystal gathering, is closely linked to rivalries and agonistic exchanges between individuals, in this particular way of forming a group which seems to deny its existence and which brings them to the margins. This perspective led Gilles Raveneau to question what determines the value of social life: honor or interest? It reveals the recurrence of this opposition, between man’s dignity and their subjective value on the one hand, and on the other hand, the calculations that determine the relative value of objects. This perspective also refers to nature’s position in these activities, to the physical commitment and trials one must overcome, to the Powers of Nature that allow for the discovery (of precious materials) and/or consequences (accident, death).
Beyond his contribution to the renewal of the anthropology of risk-taking and value, and research on the frontiers of athletics, Giles Raveneau initiated a research project on the question of both taste and disgust with the body today, and the emotions and affects that this question arouses. The idea is to simultaneously look at what our societies value and tend to repress outside our mental spaces, propose as a model, and relegate them behind the scenes of social life. By questioning the social and political constraints on the individual’s management of their body, he now intends to explore the other side of this question by taking an interest in the growth of the domain of well-being (physical and psychic), a central theme today in our Western societies.
Member of the LESC since 2000, Gilles Raveneau also participates in the work on athletic culture of the Centre for Research on Sports and Movement (CeRSM), EA 2931, at Paris Nanterre, and he has served as an associate member since 2004 at the Nantes Centre for Sociology (CENS), UMR 6025, at the University of Nantes, where he collaborated on certain teachings. He is furthermore a co-leader with Dominique Memmi and Emmanuel Taïeb of Thematic Network 17 “Political Management of the Body and Populations” of the Association Française de Sociologie since 2006, and coordinator of the research axis “Body and social sciences” at la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord since 2009. He is also a member of the editing and reading committee for several reviews (Ethnologie Française, Le Journal des Anthropologues, Sciences Sociales et Sport, Nature et Récréation).
Gilles Raveneau has, for many years, committed himself to scholarly societies and associations, in which he worked to gather together ethnologists and anthropologists. He was one of the organisers of the Assises de l’ethnologie et de l’anthropologie in France, in 2007, where a collective desire to found a new federative structure for the discipline was expressed. The Association Française d’Ethnologie et Anthropologie (AFEA) was then founded in January 2009 and Gilles Raveneau was the first president (2009-2012).
La 4e de couv. indique :"Corps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au coeur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le "sale boulot" ? Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout s'ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se "séparer". Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion "mixophobe", le dégoût trace une frontière avec l'Autre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés. Cet ouvrage interroge ce que le dégoût "fait" aux interactions. On y découvre l'opposition radicale entre coulisses et scène, régie par l'autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant d'affronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique... des autres. Révélatrices d'une souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence d'autant plus menaçante qu'elle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument d'autant plus précieux de lecture du monde social. Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l'histoire, à la sociologie et à l'anthropologie des sensibilités."
Neste artigo, pretendo examinar, de forma sucinta, algumas das dificuldades e condições de investigação com as quais eu fui confrontado ao longo de minhas pesquisas etnográficas nesses últimos anos, partindo da hipótese de que elas podem nos esclarecer sobre a natureza da situação e da relação etnográfica, bem como sobre o processo de pesquisa e de conhecimento que está em jogo. Se esta reflexão é necessariamente ligada à especificidade de minha experiência etnográfica, as ideias aqui expostas dialogam com as ideias propostas na antropologia, na etnologia e na sociologia nesses últimos trinta anos. Questionando o dispositivo de conhecimento proposto pela antropologia por meio da observação participante e partindo do pressuposto de que, para o antropólogo, o objeto de pesquisa não é neutro, mas, pelo contrário, se inscreve dentro de um percurso pessoal e um projeto específico, este artigo deseja demonstrar que é possível sair da oposição estéril entre objetividade e subjetividade na experiência de pesquisa antropológica e ensaiar uma reconciliação entre a "pureza" dos dados colhidos na investigação e o envolvimento necessário do pesquisador em seu campo de pesquisa. Este artigo tentará responder à questão de saber como romper, não só intelectualmente, mas também concretamente com o dogma da pureza dos dados da investigação e do que fazer de seu engajamento e de seu lugar no campo de pesquisa.
Sérendipité et temporalité. Voilà deux termes faits a priori pour s’entendre, mais dont l’association reste pourtant obscure au novice. Sérendipité en particulier, malgré un succès d’estime ces dernières années, n’est pas encore un terme très usité. Il évoque le hasard, bien sûr, mais aussi la sagacité, l’esprit de curiosité, l’agilité, la disponibilité mentale, bref tout ce qui permet de rester à l’affût du neuf et du surprenant. De quoi s’agit-il à l’origine et d’où provient ce terme étrang...
Partant d’une recherche ethnographique dans deux Maisons d’enfants à caractère social (MECS), cet article interroge la manière dont le rite et la ritualisation peuvent contribuer à la suppléance familiale. On examine les conditions favorables à l’apparition et à l’utilisation des rites et l’on observe comment ils peuvent être des outils possibles d’inclusion et de participation sociale, associés à la production d’une culture morale et éducative. On fait l’hypothèse que la psychologisation « sauvage » des problèmes par les professionnels et le recours quasi exclusif aux psychologues cliniciens comme régulateur des difficultés dans ces institutions tendent à sous-évaluer l’intérêt et l’efficacité des rituels, au profit de la seule « clinique de la parole ».
Dans ce livre, nous avons invité des chercheurs familiers de la démarche ethnographique à présenter leurs façons de s'immerger "in situ", à décrire quelques-unes des situations problématiques auxquelles ils ont été confrontés et à rendre compte des questions qu'ils se sont posées de l'entrée à la sortie du terrain, et même après. Il ne s'agit pas ici de présenter un manuel supplémentaire sur l'approche ethnographique mais de démontrer qu'il ne peut régner une seule et bonne méthode, mais plutôt autant de méthodes que de terrains enquêtés.
La 4e de couv. indique :"Corps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au coeur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le "sale boulot" ? Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout s'ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se "séparer". Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion "mixophobe", le dégoût trace une frontière avec l'Autre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés. Cet ouvrage interroge ce que le dégoût "fait" aux interactions. On y découvre l'opposition radicale entre coulisses et scène, régie par l'autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant d'affronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique... des autres. Révélatrices d'une souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence d'autant plus menaçante qu'elle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument d'autant plus précieux de lecture du monde social. Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l'histoire, à la sociologie et à l'anthropologie des sensibilités."
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