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Discutante : Natalia Buitron – Jesus College, Cambridge University

Depuis 2015, des formes d’organisation politique autochtones inédites ont émergé en Amazonie péruvienne, avec en particulier dans le nord-ouest une prolifération de Gouvernements Autonomes autoproclamés. Défendant un droit à l’autodétermination dans les territoires « ancestraux » de chaque « nation » (définie sur une base linguistique contemporaine : Wampis, Achuar, Awajun, Shawi, Kandozi, Shiwilo, Quechua, Shapra, etc.), leur objectif principal est de protéger le territoire de l’ambition des entreprises extractives et des dégâts qu’elles occasionnent. À partir d’observations menées de 2015 à 2017 chez les Wampis (de langue aent chicham, anciennement jivaro), il est apparu que le principe de démocratie représentative qu’ils revendiquent, avec le droit de chacun à exprimer son opinion, se traduit localement par une préférence pour le consensus plutôt que pour le vote. Le consensus n’est toutefois qu’apparent, résultant du silence d’une minorité qui préfère se taire que d’être accusée de faire échouer l’union politique. Cette dynamique est liée à la relation spécifique qui s’établit avec les leaders et à une certaine conception de la responsabilité politique. En définitive, ces assemblées s’attacheraient à construire un monisme politique, condition d’existence d’un Gouvernement Autonome fondé sur l’union de villages et de groupes de parenté distincts, par contraste avec les parlements des démocraties étatiques qui cultivent le pluralisme comme condition de préservation de l’unité de l’État.