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Nouvelle séance de l'atelier d'anthropologie africaniste, avec Camille Van Deputte

Lors de cette séance, qui porte sur un chapitre de ma thèse, je vais explorer les relations entre humains et entités invisibles, leurs conséquences sur la vie de personnes "attrapées"  et sur les collectifs que sont les matrilignages.

Un jour, une aînée me raconta l'origine de son prénom, Nanlagounon, littéralement “le nombril de l'oiseau nanlao”. Ses frères et soeurs portaient également des prénoms dérivés de cet oiseau. C'est la première fois que j'entendais parler de ces “choses qui poursuivent”, yawiige. Ce sont des entités invisibles avec lesquelles certaines personnes et même certains (matri)lignages doivent composer. Généralement, cela commence avec la trangression d'un interdit par un.e ascendant.e qui a pour conséquence de futures maladies et infortunes pour un.e ou plusieurs de ses descendant.e.s. Puis, lors de séances divinatoires est révélé qu'une entité clairement identifiée (par exemple un animal, un génie) en est responsable. Pour espérer une guérison et une amélioration de sa situation, des actes et prescriptions diverses sont formulées: sacrifices, respect d'interdit alimentaire, port de vêtements ou de bijoux et dation de prénoms. Ainsi, ce terme de yawiige dénote une modalité d'action des entités invisibles sur les humains, la “poursuite”, qui aboutit à la création ou la réactualisation d'une relation avec son lot d'obligations. L'origine du prénom de Nanlagounon, en tant que yawiige, me permet de réfléchir certes aux relations avec les entités invisibles tout en mettant en avant la continuité entre les générations et le pouvoir intégrateur des lignages.