Projets
Les frontières des données anthropologiques (ANR Anthropen)
Présentation
Le but de ce projet est de tester les limites d’ouverture des données anthropologiques, qu’elles soient passives ou en cours de production, de nature écrite, iconographique, sonore ou audiovisuelle, au regard des injonctions européennes actuelles et des exigences éthiques propres au contexte interculturel et souvent extra-européen de production et gestion des données anthropologiques.
Ce projet s’appuie sur les bonnes pratiques archivistiques mises en place depuis quelques années au sein du Pôle documentaire du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative/LESC (porteur du projet) en lien avec le consortium Archives des Ethnologues, afin de répondre aux injonctions scientifiques et éthiques de la discipline. A partir de ces pratiques, il cherche à déterminer le coût réel d’une ouverture des données qui préserve ces acquis. Pour ce faire, il souhaite mettre en dialogue des experts chercheurs et documentalistes provenant d’horizons thématiques complémentaires, autour de différentes données de terrain, inédites ou édités, issus des fonds photographiques, sonores et audiovisuels de chercheurs. Le but est de tester la mise en open accès de ces fonds en relevant les situations problématiques et en cherchant, par la mobilisation de l’expertise des chercheurs juristes, spécialistes du patrimoine et spécialistes du traitement des données, des solutions plus générales, qui peuvent être étendues à toute la discipline à partir de ces études de cas. Cela permettra également une évaluation des besoins en temps de traitement et en technologie numérique, afin de faire un retour d’expérience pertinent pour les autres spécialistes des Humanités Numériques- et c’est à ce titre que le partenariat avec la Maison Archéologie et Ethnologie est essentiel. Une appréciation volumétrique des besoins et possibilités d’ouverture en libre accès des fonds existants au sein du laboratoire est également prévue.
Si travailler sur les données passives est une constante du métier d’archiviste, c’est l’anticipation des cadres de production de données futures qui est au centre des préoccupations des chercheurs contemporains. C’est pourquoi un volet formation adressé aux chercheurs et doctorants est incorporé tout au long du projet et vise à les familiariser aux aspects techniques, scientifiques et éthiques de la collecte, de la sauvegarde et du partage des données et d’accueillir leurs retours sur les difficultés rencontrées sur les terrains d’enquête.
Enfin, le but ultime de ce projet est de pouvoir dresser les futures lignes de l’anthropologie comme science ouverte, ce qui implique que les leçons apprises lors de l’ouverture des corpus « test » puissent être diffusées, débattues, confrontées à la réalité internationale – via des publications, participations à des conférences, retours auprès des communautés. Comment concilier la philosophie occidentale de la science ouverte et la relativité culturelle dans l’attitude envers les données de recherche ? Comment respecter les demandes de protection de données, les revendications patrimoniales et les dénonciations d’appropriation culturelle dans un monde où le numérique dépasse les frontières et met en défaut les communautés qui ne partagent pas la même philosophie ? Penser l’ouverture des données en anthropologie, une science basée sur la rencontre interculturelle, qui a traversé les deux derniers siècles dans des conditions géopolitiques qui ont déterminés fortement la production et diffusion des données (colonialisme), et qui s’est reformée épistémologiquement souvent en écho à ces changements, c’est penser la possibilité d’une science ouverte au delà des frontières, à l’échelle globale à laquelle les nouvelles possibilités technologiques et le désir de partage des savoirs aspirent. La dimension internationale du projet est donc une condition de sa réussite.
Partenaires
- Lesc UMR 7186 (porteur du projet)
- MSH Mondes USR 3225