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L’importance d’une approche intersémiotique des systèmes de transmission des savoirs indigènes en Amazonie a été notée depuis longtemps. Cette présentation examinera la façon dont l’esthétique amérindienne condense des informations non verbales sur les ontologies relationnelles autochtones et les fondements socio- et cosmopolitiques qui les informent. Les questions de la synesthésie et des traductions intersémiotiques seront abordées en prenant comme point de départ l’examen des processus de pensée à l’œuvre dans l’engendrement des motifs géométriques dans les systèmes graphiques des Huni Kuin (Cashinahua, Brésil). Il s’agira de montrer comment, étant indépendants des systèmes d’énonciation et d’écriture, ces processus de pensée peuvent néanmoins être éclairés par l’exégèse indigène codifiée dans les textes de chants chamaniques et les mythes, qui laissent transparaître une association explicite entre les lignes de chant et les motifs qui peuvent être visualisés mentalement par les hommes et qui sont dessinés ou tissés sur différentes surfaces par les femmes. Ainsi, l’agencement des motifs semble être la révélation de la connexion entre différents domaines de la réalité et de différents êtres, ainsi qu’entre les personnes, à un niveau social. Le graphisme montre comment chaque unité est composée de relations symétriques avec une inflexion asymétrique systématique qui pointe vers la possibilité de transformation du motif. En raison de la nature connective du motif, son utilisation doit être contrôlée dans les périodes de crise et de vulnérabilité, comme lors d’une naissance ou du deuil d’un mort.

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Photo : motif graphique huni kuin (source : E. Lagrou).