Évènements

Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens...

Atelier « chantiers »

Mardi 17 Janvier 2023 10:00 - 13:00
Salle 304F du LESC (3e étage)
MSH Mondes (bât. Ginouvès)
21, allée de l’Université, Nanterre

Présentation

Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens...

Atelier ouvert à tous les membres du laboratoire (pour accéder aux matériaux de la séance, cliquez ici, authentification nécessaire).

Le texte que je soumets à la discussion pour cette séance découle de problèmes rencontrés lors de l’écriture d’un chapitre de thèse devant introduire à l’histoire de la région "Omo Sud" au Sud-Ouest de l’Ethiopie.
Mon problème est que l’histoire de cette région est impossible à écrire sans se fonder démesurément sur des points de vue de vainqueurs, qui ont ensuite créé et administré/consommé/etc. cette région comme un tout. Les sources orales, qui existent, se concentrent sur des périodes plus récentes et sont centrées sur les populations de plus petite échelle qui les racontent.
Pour répondre à cette difficulté, j’ai imaginé la construction de "récits parodiques de l'histoire", paraphrasés ou empruntés à des sources historiques réelles, mais dont je voulais exagérer les traits de façon à faire ressortir par l'absurde, ou plutôt par la satire, les entreprises de dominations qu'ils incarnent et qui les dépassent.
Le but est de faire sentir aux lecteurs le poids d'évènements historiques qui font de la définition du territoire jusqu'aujourd'hui un constant vecteur d'établissement d'empires via des discours sur la découverte et l'apport de la civilisation. Soit, dans les mots d'Anna Tsing (Frictions 2005), "rendre le lecteur sensible à la brutalité de la zone frontière". Des explorations par des européens contemporains des ravages coloniaux à la mise en vitrine touristique in situ en passant par la brutalité des conquête abyssine et l’assimilation par la force à l’empire des rois d’Ethiopie, c'est à cet ordre des idées et des pouvoirs, et à sa permanence, que je veux rendre sensible.
Analyser en "sociologue omniscient" leurs récits de l'histoire ne me semblait pas suffire, car en les citant toujours, c'est toujours eux qu'on entend. L’asymétrie est bien résumée par la maxime : « tant que les lions n’auront pas d’historiens, l’histoire sera toujours à la gloire des chasseurs. » Quitte à n’entendre que les voix qui nous sommes restées, je voulais que ces récits se contredisent ou se mangent eux-mêmes. Je me suis demandé : comment subvertir un récit de l'histoire, comment raconter l'histoire de façon à comprendre immédiatement qu'on n'a que la version du chasseur, et qu'elle n'a rien à voir avec la version du lion ?
J’ai donc imaginé de construire trois récits : le compte-rendu à une association géographique d’un explorateur européen, la lettre amoureuse et déprimée d'un administrateur nord-éthiopien exilé, et le blog de voyage d’un touriste du XXIème siècle.
Je vous livre le premier récit, suivi d’une tentative d’introduction pas académique.
Les questions que je me pose sont : Est-ce que le récit fonctionne ? Peut-il fonctionner seul ? (Je reprends les mots bien choisis de Sarah :) la tentative parodique peut-elle se passer d'un appareillage académique explicatif sur son intention ? Enfin, faudrait-il dans le texte donner plus d’indice sur ce qui a trait à l’invention (la parodie) et ce qui a trait au fait historique ?
PS : Disclaimer linguistique : le texte est issu de ma thèse qui est rédigée en anglais, donc en anglais! (Avec des irrégularités car je dois trouver une édition anglais de Cent ans de solitude. Lissage en cours, d’avance mes excuses!)
Marion Langumier


L’objectif de cet atelier est de créer un espace de travail, de réflexion et de discussion bienveillante autour des travaux en cours des chercheurs et chercheuses du laboratoire, confirmé-e-s ou doctorant-e-s. Il s’agit d’offrir un espace de discussion souple, adapté aux besoins et aux envies de chacun-e.

Depuis 2017-2018, l’atelier « chantiers » propose une nouvelle formule qui vise à expérimenter collectivement des formats d’écriture.

Pour chaque séance, un « meneur de jeu » est invité à transformer une obsession, un problème d’écriture ou un problème théorique, en une proposition d’exercice d’écriture : comment écrire un texte dont les notes de bas de page peuvent se lire indépendamment du texte ? Comment faire un portrait à la manière de Toni Morrison ? À quoi ressemblerait un texte en volutes ? Quels seraient les effets d’un texte sans ponctuation ?

Chaque séance est organisée autour d’une proposition/consigne d’écriture à laquelle les participants répondent à partir de leurs matériaux, ou en retravaillant un texte déjà écrit.
Appel, donc, à tous les meneurs de jeu potentiels qui souhaiteraient imaginer une proposition à partir de leurs propres préoccupations.

Nous reprécisons à l’attention des doctorants qu’ils sont plus que bienvenus, aussi bien à se proposer comme discutants pour un ouvrage, faire une proposition d’écriture, ou tout simplement comme participants fidèles et motivés.

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