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Par son emprise sur notre perception, le bruit imprègne notre environnement et s’inscrit, de manière maîtrisée ou non, dans nos espaces de vie. L’enquête ethnographique que j’ai menée en Inde vise à réhabiliter le bruit comme catégorie d’analyse et s’appuie sur la perception in situ des habitants, ainsi que sur le travail mené par les juristes, les acteurs publics et les associations dédiées à la maîtrise du bruit urbain. La présentation portera plus spécifiquement sur le programme de sensibilisation National Initiative for Safe Sound (NISS) dont l’une des actions phares est la création d’un centre d’assistance téléphonique (helpline) dédié au signalement par les habitants des abus sonores dans l’espace public. Ce centre d’appel basé à Thiruvananthapuram (Inde du Sud) ouvre un espace d’observation inédit sur tout ce quise dit et s’échange à propos du bruit ambiant. Je montrerai comment le bruit se construit comme trouble, celui qui met en relation des « appelants » et des « causeurs » (de trouble), et le travail de médiation auquel se prête le service dans la gestion des conflits. L’échange téléphonique s’accompagne également de la tenue d’un registre dont les données collectées par le centre d’appel sont restées jusqu’ici inexploitées. Le projet visant à établir des statistiques descriptives s’est construit par la suite en France avec la collaboration de Brian Chauvel (Ingénieur d’études en production et analyse de données d’enquête) ; une stratégie de mise en cohérence et de traitement des informations du registre a été définie et des premières hypothèses élaborées.