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Des objets qui apparaissent et disparaissent au gré de leur humeur sur les ruines d’une tour en latérite du 16ème s., dans un monastère bouddhiste presque abandonné. Des photographies qui persistent à rester floues, malgré tous les efforts de l’ethnographe pour transformer en pixels ces mêmes objets à l’hétérogénéité têtue (base de yoni* en grès de style angkorien, pot à encens bon marché de style chinois, dinosaure en matière plastique de couleur bleue...). Ces indices et quelques autres sont au commencement de mon enquête sur la puissance des lieux au Cambodge ; enquête prolongée ensuite de façon comparative en Asie du Sud-Est au sein d’un travail collectif. Je présenterai ces deux étapes déjà réalisées, avant la troisième prévue en 2023. Cela nous mènera à l’exploration nouvelle de la notion de lieux comme agents animistes à part entière en Asie du Sud-Est (ces lieux étant habituellement considérés comme simples résidences d’êtres eux-mêmes dotés d’agentivité) et à l’identification des principes de cette  puissance. Ces lieux sont bien sûr aussi des sites construits autour d’enjeux sociaux locaux forts. Cette présentation vise à dépasser le tropisme aréal pour entrer en dialogue avec d’autres anthropologues dont les ethnographies présentent des similarités (chinoises, sud-américaines peut-être...).

*Dans la statuaire angkorienne (8ème s.-13ème s. de l’EC), le linga, représentation phallique de Siva, est inséré dans une base symbolisant sa moitié/partenaire féminine, sous la forme d’un sexe féminin (yoni).